Les films qu'on se fait ne deviennent jamais vrais.

Le problème c'est que toute ma vie, jusqu'ici, c'est ce à quoi je passe une grosse partie de mes moments inoccupés. Ce ne sont même pas des rêves, ce sont des films, scénarisés, mis en scène, casting, générique, et tout le toutim. Je commence par me dire, en général avant d'aller quelque part (quelques heures à l'avance, ou des mois avant...) que ce serait trop cool qu'il se passe telle chose. Un truc vague mais en général il y a les termes "gars" et "canon" dedans. Et puis paf voilà j'suis au bras d'un mec trop beau sur le toit d'un immeuble à Paris, ou sur scène, ou en train de photographier une équipe de skate quelque part en Californie. Je rencontre un tas de gens dans ma tête, des types beaux comme Sneazzy West, Nyjah Huston et autres Ashley Stymest -et je précise que si je les rencontrais en vrai, j'fermerais ma gueule- tombent amoureux de moi, bref, pure niaiserie du début à la fin.

Alors c'est bien beau tout ça, mais c'est pas vrai, et ça n'arrivera jamais parce que je me fais des plans trop précis et trop oufs. Et même si je ne fais pas ça à longueur de journée, je m'en fais plein. Ma conclusion à cette équation maudite est qu'il ne va jamais rien m'arriver de cool, comme si mon quota cool s'était concentré en deux trois ans et que maintenant y'a plus rien à vivre. Alors là, je sais que je vais m'en plaindre après, parce que râler, j'adore, on dirait que c'est un trait flagrant de ma personnalité, mais si je pouvais être un peu en kiff sur quelqu'un -de réel et palpable, oh oui surtout palpable-; parfois, juste parfois, je me dis que ça me rendrait un peu service à ce niveau là parce que je commence à me sentir creepy stalkeuse solitaire qui doit limite créer un portrait robot quand une chanson d'amour passe dans l'ipod, histoire d'avoir quelqu'un à qui penser.

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et ça c'est moi qui râle.