lundi 5 août 2013

En fait si j'ai trouvé l'inspiration deux minutes après le post précédant.

Est-il possible de ne pas être brisé? Ni même éraflé par la vie? Est-il possible de s'en sortir sans aucune blessure, aucun mauvais souvenir (conscient ou non) de l'enfance? Je ne mets pas dans le lot le destin inévitable de la mort, ou alors j'y mets les morts traumatisantes.

Est-il possible, au cours de chaque photo regardée dans un album subissant les réactions en chaîne de notre cerveau et de son habilité à nous extorquer mille souvenirs, de ne se rappeler aucun regret, qui nous a encore marqué en y repensant, une sensation de malaise au creux de la gorge?

Où en arrive-t-on dans la vie quand on est parfaitement sain d'esprit? Poe a dit "I became insane, with long intervals of horrible sanity."

Qu'est-ce que je serais si je ne ressentais pas le besoin urgent de jeter des choses par terre quand je suis en colère, de me priver de nourriture quand je suis triste?

On en serait où, mon amoureux et moi si lui n'avait pas traversé toutes ces souffrances avant d'arriver à sa vingtième année? Je ferais quoi si j'en voulais pas toujours un peu à mon père?

Et mon père, il serait comment si ses parents et lui avaient jeté l'affaire et juste dit "Je t'aime. Pardon."

On est tous déglingués par la vie, ou par notre patrimoine qu'on n'a pas demandé. On rencontre des gens qui nous enfoncent encore plus dans le sol mou et happant de notre aspect sombre, on se détache d'eux et on y revient toujours. Parce que baignés dans une société où la solitude devient monnaie courante dans une pièce pleine de gens, on a peur. Et on se souvient de tout ce qui nous a brisés avant et parfois c'est trop.

Je crois que les êtres humains perdent de leur magie quand la surface est lisse. Quand elle brille aux éclats, soit la surface repose sur un vide abyssal, soit on estime que cette personne, qui ne ressent ni regret ni tristesse, n'est tout simplement peut-être pas pourvu d'empathie.

En prenant photo sur photo, en documentant nos vies on se ment un peu. Parce que c'est plus joli, et peut-être que la solution à notre vide à combler, c'est de s'auto persuader qu'on n'a pas été touché. Regarder une photo de vacances et zapper qu'on y a pleuré tous les jours. Une photo de classe et omettre qu'on était maltraité moralement par ses camarades de classe et une enseignante.

Mais d'un côté je trouve cette idée réconfortante. I'm a fuck up, and so are you.

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T'as vu peut-être que tu es un hérisson, mais un hérisson qui sait écrire, et ça c'est cool.