dimanche 27 avril 2014

Daydreamer.


Je sais plus trop quand ça a commencé. 

Quatorze ans? Treize? Peut-être même douze.


Je rêvais éveillée. Pas de voyages comme je le fais maintenant. Pas au futur. Enfin pas exactement. Je rêvais au futur. Mais un futur avec un garçon. C'est triste quelque part de penser à ces heures passées à perdre du temps dans ma tête de manière aussi stéréotypée.

Je me souviens un soir en rentrant de l'école, je me suis connectée sur msn, et, les mains tremblantes, j'ai envoyé un sms à T. lui demandant de se connecter (ce qui est stupide j'aurais très bien pu lui demander par sms). Et vint la question fatidique qu'on pose quand on est ni enfant ni adolescent. "Tu veux sortir avec moi?". Respiration courte, mains toujours tremblantes, dans l'expectative. Puis vint le "non" qui m'a rassurée. Un poids s'est littéralement ôté de ma poitrine. Bien évidemment, à douze ans j'étais pas prête. C'était presque un jeu de "sortir avec quelqu'un", qui ne durait jamais plus de deux semaines.


Mais il y avait autre chose. S'il avait dit oui, j'aurais eu peur. Peur à douze ans comme à seize comme à dix-neuf. Comme à vingt et un, parfois encore, mais différemment.

L'amour ça fait toujours peur. Quand on ne l'a pas on a peur de ne jamais l'avoir. Quand on l'a on a peur de le perdre, de pas assez bien l'exprimer.

A quatorze ans, je rêvais tout le temps au même mec. Célèbre donc inaccessible. Puis à seize, d'un type dont je ne connaissais même pas le prénom. Quand j'ai obtenu ce que je voulais de lui j'ai vu un mythe s’effondrer sous mes pieds. A trop élever quelque chose sur un piédestal, le poids en devient trop lourd et la chute est lente et bruyante comme un orage.
A dix sept, "le garçon du métro", resté dans un coin de ma tête à me faire des sourires pendant plus d'un an alors que dans la lumière crue du wagon il ne me voyait même pas.
A dix neuf, une autre célébrité, plutôt accessible à ce moment là, sachant qu'en plus je connaissais des amis à lui, pour moi le contrat de mariage était quasiment signé.

C'est plus facile de s’énamourer d'un personnage semi-imaginaire que de quelqu'un qui vit aussi sur terre. Parce qu'aimer ça fait peur. Parce que ne pas savoir si un sentiment est réciproque ça laisse plus d'espoir que de savoir qu'il ne le sera jamais/ne le sera plus un jour.

Sam est bien là. Il est bien vrai. Si quelque chose va de travers, la souffrance est palpable. Les larmes sont plus salées quand elles tombent sur le réel que sur une illusion.

Parfois je me rends compte que je sais pas très bien comment être amoureuse. Les jours où je suis de mauvaise humeur et que tout ce qu'il fait m'énerve , je prends peur. J'ai peur d'être moins amoureuse de lui un jour. Et j'en ai vraiment pas envie. En ce moment j'essaie de pas me prendre la tête avec lui à cause des examens qui approchent, comme je l'ai trop fait avant.Alors hier je lui ai fait une petite frayeur parce que je l'ai prévenu que j'allais être plus distante. Ce que je voulais dire c'est que j'allais lui envoyer moins de message et moins l'appeler quand j'étudie et que lui s'amuse. Ça avait tendance à me rendre jalouse et j'ai remarqué que rester hyper connectés via nos téléphones n'arrangeait rien. Lui a compris que j'allais être distante tout court et il a pas apprécié. Ça me rassure qu'il ait pas apprécié. S'il avait dit "ouais ok" j'aurais senti que quelque chose cloche.

L'amour c'est effrayant.

Parce que quelqu'un d'imaginaire ne sait pas que je suis de mauvais poil quand j'ai faim, que je suis asociale trop vite, que je peux pas m'empêcher de juger les gens sans les connaître, que j'ai tendance à tout balancer dès la moindre petite erreur, que je me déteste parfois trop et que je ne vois vite plus que ça, que je suis une putain d'égoïste parfois à penser que le monde entier dépend de moi et que si je me permets de relâcher la pression que je me mets un instant le ciel va nous tomber sur la tête et nous noyer dans un océan de nébuleuses.

J'ai un peu peur tous les jours. Mais juste assez pour me pousser à savourer.

ps: ceci est peut-être une déclaration d'amour.

1 commentaire:

  1. Il n'y a pas trente-six manières d'aimer, il n'y en a qu'une, c'est celle qui fait du bien ;)

    Romy
    http://linconstance.blogspot.fr

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T'as vu peut-être que tu es un hérisson, mais un hérisson qui sait écrire, et ça c'est cool.